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Fragments
Chaque matériau entre la terre, le bois et la photographie renvoie à un degré différent de l’expérience du vivant. La photographie capte des endroits du réel dans lesquels un trou, une porte vers une dimension plus profonde, entrelacée s’ouvre. Je perçois dans le foisonnement des détails qu’offre le monde réel une infinité de possibilités de pénétrer le monde. C’est ce foisonnement dense de détails qui guide mes productions en terre.
La fragmentation du réel rejoint la conception de la fractale. Cette forme en spirale au ramifications infinies qui se répètent les unes dans les autres, comme si l’on zoomait sur un escargot sans fin. Je veux dire qu’il y a un motif semblable entre les corps humains et les éléments terrestres, dans la structure.

Nous sommes cet homme en boule dont la tête relie les pieds. Une chimère, une concrétion du monde vivant. Un fragment dans l’infini fragmenté, une unité.

Je crois beaucoup dans l’interchangeabilité des peaux, c’est-à-dire, dans la métamorphose. L’emploi du terme “peau” renvoie à cette couche, carapace, matrice qui recouvre la chair humaine, le manteau de la terre, la pellicule autour de la pulpe du fruit, la maison, l’eau, la terre ou le sable. La peau contient le tout organique, corporel, physique, elle participe au tout mais peut muter. Elle est l’élément premier sujet aux transformations. Dans le dessin et la photo, je ressens la ressemblance potentielle entre mon corps et la roche par exemple. L’autre jour, j’observais des schémas de la composition de la croûte terrestre, jusqu’au noyau. J’avais la nette impression d'observer un schéma de mon système reproducteur, avec les cavités, les croûtes superficielles qui bougent et rejettent du magma… Plus je grandis, et plus je me sens fondamentalement liée à mon environnement.
Le fragment se retrouve sous différentes occurrences. D’abord, je collecte beaucoup de fragments visuels de mon environnement. La photographie est une pratique fragmentaire dans le processus de capture d’un cadre défini de l’espace, et du temps. La photographie permet de télescoper les temps et l'espace. En cela, elle est métaphysique et me permets d’entrer en divagation. La divagation est un état que je rencontre souvent dans la vie et dans l’art. C’est un état autre, doux, flottant, dans et en dehors du réel. La photographie de morceaux de terre, morceaux de surfaces aqueuses, de boue, de bois, de plantes, d’arbres, etc, me permet de produire une transformation de ce morceau de réel. Partir de l’existant est très important pour moi. C’est un morceau de bâtisse solide, même en ruine, dont on sent la robustesse passée sur laquelle je m’appuie pour échafauder une nouvelle concrétion.
Seuil : Fenêtres sur le monde immatériel / dichotomie entre monde matériel et immatériel / passages / portes.

Mes photos sont ces fenêtres et mes structures des portes

Le pouvoir troublant de l’eau / surface aqueuse / seuil des profondeurs mystérieuses / limite horizontale entre deux infinis opposés, miroir. La surface de l’eau est une porte. L’eau est un miroir / mythe de Narcisse /

Possibilités plastiques :
Peintures
Structures bois
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Rêve : Installation monumentale dans la salle du réfectoire du DOC (Paris19). Les photos sont suspendues du sol au plafond. Je me déplace dans un dédale de surfaces énigmatiques, qui rejouent par leur échelle, le trouble des profondeurs sous-marines. 
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